Kate Winslet : sa nouvelle vie
L'actrice anglaise sera à l'affiche de "Labor Day", le nouveau film de Jason Reitman
Une carrière hollywoodienne, un divorce et deux enfants plus
tard, ici commence la nouvelle vie de Kate Winslet ! De retour à
Londres, la star british, en quête de rôles exigeants, nous étonne dans Labor Day, son prochain film. Pour nous, l’égérie Lancôme a joué les héroïnes hitchcockiennes.
Un
piano, des kilomètres de sofa beige qui font le tour de la pièce, des
baie vitrées grandes comme le lac de Genève, des puits de lumière où
s’engouffrent les rayons d’un soleil couchant, une grande terrasse qui
donne sur un cimetière abandonné et une nature foisonnante… Au loin,
Londres dont on aperçoit, entre les frondaisons le fameux Œil.
Pieds
nus, en pantalon de jersey crème avec un petit cachemire assorti, Kate
Winslet débarque dans le salon, gaie comme un pinson anglais, le pas
affirmé du navigateur qui revient au port après un long voyage.
« J’avais presque oublié qu’ici c’était chez moi, que je suis une
Anglaise qui boit du thé à 5 heures et lit Agatha Christie au coin du
feu… Et voilà, tel Ulysse, je suis rentrée à la maison avec mes deux
enfants, Mia Honey et Joe Alfie... J’ai quitté New York. Je peux
recommencer une nouvelle vie maintenant que j’ai surmonté ma mélancolie
et ma tristesse. » En 2010, elle se séparait de son mari, le réalisateur
Sam Mendes, père de son petit garçon et qui l’avait dirigée en 2008
dans son quatrième film, Les Noces rebelles.
Rêveuse,
Kate regarde les tombes en briques rouges surplombées de crucifix rongés
par les lierres : « Vous saviez que Karl Marx était enterré là ? Je
suis éberluée ! Imaginer que cet homme qui a bouleversé le monde est là,
tout seul sous ces mauvaises herbes... » Que cherche donc, dans les
verts pâturages de son enfance, la plus radieuse des stars de Hollywood,
la sublime égérie de Lancôme oscarisée en 2009 – pour son
interprétation d’Hanna Schmitz dans The Reader, de Stephen
Daldry, après avoir été nominée cinq fois –, mais aussi la moins soumise
des comédiennes, la plus imprévisible et sans doute la plus douée de sa
génération ?
Une actrice engagée
« Un nouveau défi, bien sûr », admet-elle sereine et rieuse en contemplant le coucher de soleil. « Je viens de créer une fondation, Golden Hat, pour venir en aide aux enfants atteints d’autisme. C’est la croisade de ma nouvelle vie. J’ai pris conscience de l’horreur de cette maladie lorsque j’ai rencontré Margaret, la maman de Keli, un jeune garçon autiste. Elle venait de réaliser un documentaire pour raconter le voyage d’une mère confrontée à cet enfer et m’avait demandé d’en lire le commentaire. De ce jour, je n’ai plus jamais lâché la main de cette femme et de son fils... »Parallèlement, Kate, 37 ans en octobre, amorce son retour au cinéma : un film avec Josh Brolin (Labor Day), un projet avec son compatriote Kenneth Branagh. Dans cette ambiance gothique et crépusculaire, Miss Winslet a naturellement choisi des tenues noires, strictes qui contrastent avec sa chevelure blonde cendrée et la pâleur de son teint. En jouant avec les ombres, les reflets et la dualité du lieu, elle se transforme sous nos yeux émerveillés en héroïne hitchcockienne.
Son combat pour les autistes
« Un matin, j’ai reçu un poème de Keli, mon jeune protégé autiste. Il disait ceci : “Un garçon avait un chapeau doré. Ce chapeau était magique. Ce chapeau pouvait parler. L’enfant, lui, n’avait pas de voix. Il était autiste.” J’étais bouleversée. Il faut vous dire que lorsque Keli avait 9 ans, les médecins ont dit à sa mère qu’il ne dépasserait jamais 2 ans d’âge mental.
Et, cinq ans plus tard, grâce à une
méthode mise au point dans une institution de Los Angeles, Keli
m’écrivait un poème. C’était magique. Je me souviens de ce moment. Je
lisais et relisais ces lignes tout en me brossant les dents et soudain,
j’ai eu un flash : nous allions créer une fondation qui allait s’appeler
Golden Hat (“chapeau doré”) et, pour attirer les sponsors, nous allions
faire un livre de photos avec le Tout-Hollywood qui poserait avec le
même chapeau. George Clooney, Leonardo DiCaprio, Jude Law, Meryl Streep,
tous ont accepté de jouer le jeu ! C’est cela mon nouveau combat :
faire admettre que ces enfants ou ces adultes peuvent vivre dans leur
monde à eux et qu’il faut les y aider. C’est à nous de les intégrer.
C’est à nous d’assumer le fait qu’il y a différentes formes
d’intelligence. Nous devons ouvrir nos compas. C’est un devoir de
tolérance. »
Puis un vendredi, Roman nous a dit : “Lundi, il faut tout savoir.” Cent cinquante pages à avaler en deux jours. J’ai fait venir deux amis pour m’aider à ingurgiter le texte. Le lundi, on répétait, le lundi suivant, on filmait. En trois semaines, l’affaire était pliée. Ce film m’a totalement libérée de la peur de faire du théâtre, ma véritable envie. »
Ce que j’aime
Home, sweet home
« J’aime Londres, ses parcs, ses jardins anglais. Je crois que cela me redonne envie de croire. Vivre à la campagne au milieu de ces vieux arbres centenaires me comble, me calme et me fait sentir la beauté du monde. J’aime humer les saisons même si, en Angleterre, elles sont plutôt rares. Mais surtout, j’aime la pluie, la pluie au mois d’août. Je prends mon vélo. Je mets mon visage sous la bruine. Je me sens vivante. C’est mieux que n’importe quel soin. À chaque fois que je reviens en Angleterre, je me dis en sortant de l’aéroport : pourvu qu’il pleuve. Et, oh my God, il pleut toujours. Je ne suis jamais déçue ! »Une femme libérée
« Et puis, la vie en Angleterre est beaucoup plus facile que celle que je menais à New York, surtout avec des enfants. L’hiver, à New York, c’est l’enfer. Il faut toujours prévoir le pire. Des chutes de neige, des températures polaires. Il faut toujours anticiper, se couvrir et le soir, préparer les gants, les bonnets, les écharpes, vérifier que la voiture va bien démarrer pour ne pas être en retard à l’école. En été, on suffoque, on s’évanouit de chaleur, on ne sait plus où se réfugier. Londres, d’une certaine façon, avec ce climat étale, offre une certaine forme de liberté. Celle de pouvoir, par exemple, accompagner ses enfants à l’école en pyjama sans mourir de froid ! »L’effet Polanski
« J’ai tellement appris de Roman Polanski sur le tournage de Carnage. Il est tellement drôle. Il a tant d’énergie. Il est tellement rapide. Il est insubmersible. On sent que tout ce qu’il a vécu l’a enrichi alors que ça aurait pu le détruire. Il est très accessible et parle beaucoup. Je suis certaine que si je lui avais demandé de me raconter sa vie pendant la guerre, il m’aurait dit très simplement : “Allons nous asseoir et je vais te raconter.” Lorsqu’il m’a proposé le rôle, cela tombait bien, car j’avais envie de faire du théâtre mais je n’osais pas. Avec Carnage, je me suis retrouvée dans un huis clos. C’était tout ce que je voulais. Un rôle violent où je n’ai pas à séduire. On a commencé les répétitions en studio, à Paris. Pendant une semaine, nous avons joué avec le texte dans nos mains.Puis un vendredi, Roman nous a dit : “Lundi, il faut tout savoir.” Cent cinquante pages à avaler en deux jours. J’ai fait venir deux amis pour m’aider à ingurgiter le texte. Le lundi, on répétait, le lundi suivant, on filmait. En trois semaines, l’affaire était pliée. Ce film m’a totalement libérée de la peur de faire du théâtre, ma véritable envie. »
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